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Aus der Zeitschriftforumpoenale 2/2016 | p. 65–65Es folgt Seite №65

Chers lecteurs, chères lectrices,

C’est une Suisse attachée à l’Etat de droit et à ses valeurs fondamentales qui s’est réveillée au lendemain des votations du 28 février 2016! 58,9% de la population ayant participé au scrutin et 18,5 cantons ont rejeté l’initiative dite «Pour le renvoi effectif des étrangers criminels (initiative de mise en œuvre)».

Au-delà des débats juridiques sur les grands principes que cette initiative foulait au pied, elle était également l’expression d’un phénomène inquiétant pour la démocratie et qui va crescendo depuis quelques années: la méfiance à l’égard des juges et la volonté de leur rogner leur pouvoir d’appréciation. Lorsque l’art. 123a Cst. proclame l’internement à vie des délinquants dits «non amendables», on dit au juge qu’il est incapable d’apprécier l’évolution d’un être humain et de décider valablement de son élargissement ou non, le moment venu. Lorsque l’on cherche à imposer l’expulsion automatique des délinquants étrangers, on dit au juge qu’il est à ce point stupide qu’il n’est pas en mesure d’apprécier, au cas par cas, les hypothèses dans lesquelles cette mesure doit ou non être appliquée. Et ce processus d’érosion sournoise de la justice est encore en marche avec l’initiative intitulée «Le droit suisse au lieu de juges étrangers (initiative pour l’autodétermination)», que les mêmes initiants ont jusqu’au 10 septembre 2016 pour la faire aboutir (FF 2015 1831). Cette initiative est, entre autres, ouvertement dirigée contre la Cour européenne des droits de l’homme et sa jurisprudence, parce qu’aux yeux de certains, elle incarne le «juge étranger» qui n’aurait aucune légitimité à venir s’assurer que les décisions judiciaires rendues en Suisse sont conformes à un standard européen des droits de l’homme. L’analyse sémantique de l’intitulé de l’initiative est d’ailleurs riche d’enseignements à ce propos: on n’oppose pas au «juge étranger» son homologue helvète, mais le droit suisse. Ce n’est donc plus le juge qui dit le droit, mais le droit qui doit faire le juge! Ce mouvement tend à brider le juge suisse parce qu’il est incapable et à brider le juge international parce qu’il n’est pas suisse! C’est une tendance inquiétante, signe de bien peu de démocratie, que celle qui voit l’un des pouvoirs chercher à prendre le pas sur l’autre!

Liebe Leserinnen, liebe Leser,

Es ist eine mit dem Rechtsstaat verbundene Schweiz, welche am Morgen nach den Abstimmungen vom 28. 2. 2016 erwacht ist! 58,9% der am Urnengang teilnehmenden Bevölkerung und 18,5 Kantone haben die sog. Initiative «Zur Durchsetzung der Ausschaffung krimineller Ausländer (Durchsetzungsinitiative)» verworfen.

Über die juristischen Diskussionen zu den von dieser Initiative mit Füssen getretenen Grundsätzen hinaus war die Vorlage auch der Ausdruck eines für die Demokratie besorgniserregenden und seit einigen Jahren anschwellenden Phänomens: das Misstrauen gegenüber den Richtern und der Wille, deren Ermessensspielraum zu beschneiden. Wenn Art. 123a BV die lebenslängliche Verwahrung der sog. «nicht therapierbaren» Straftäter verkündet, sagt man dem Richter, er sei unfähig, die Entwicklung eines Menschen einzuschätzen und zu gegebener Zeit über dessen Entlassung gebührend zu entscheiden. Wenn versucht wird, die automatische Ausweisung ausländischer Straftäter durchzusetzen, sagt man dem Richter, er sei zu dumm, um von Fall zu Fall beurteilen zu können, ob diese Massnahme anzuordnen ist oder nicht. Und dieser hinterhältige Prozess des Justizverfalls setzt sich fort mit der Initiative «Schweizer Recht statt fremde Richter (Selbstbestimmungsinitiative)», für deren Zustandekommen die gleichen Initianten noch bis zum 10. 9. 2016 Zeit beanspruchen können (BBl 2015 1965). Diese Initiative ist, unter anderem, offenkundig gegen den Europäischen Gerichtshof für Menschenrechte und dessen Jurisprudenz gerichtet, weil einige die Ansicht vertreten, jener verkörpere den «fremden Richter» und dieser sei nicht legitimiert, sich zu vergewissern, dass die in der Schweiz ergangenen richterlichen Entscheide dem europäischen Menschenrechtsstandard genügen. Diesbezüglich ist die semantische Analyse der Überschrift der Initiative übrigens sehr lehrreich: dem «fremden Richter» wird nicht sein helvetischer Amtskollege, sondern das «Schweizer Recht» gegenübergestellt. Demnach obliegt es nicht mehr dem Richter, das Recht zu sprechen, sondern dem Recht, den Richter zu machen! Diese Bewegung zielt darauf ab, den schweizerischen Richter zu zügeln, weil er unfähig ist, und den internationalen Richter zu zügeln, weil er kein Schweizer ist! Es ist eine beunruhigende, an Demokratie mangelnde Entwicklung, wenn eine der Staatsgewalten vesucht, die andere auszustechen!

Yvan Jeanneret